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jeudi 31 octobre 2013

La Route de la mort à vélo

Arriver à la Paz ne fut pas si facile que nous le pensions... À Desaguadero, la frontière avec la Bolivie, on a eu la mauvaise surprise d'apprendre qu'on avait dépassé de 40 jours le nombre de jours autorisés au Pérou. On était persuadé de bénéficier de 90 jours depuis notre retour du lac Titicaca alors que l'agent ne nous en avait donné que 30... Rien de bien grave dans ce pays heureusement, il suffit de sortir le porte monnaie. 40$ à payer chacun à La Banque de la Nation. Sauf qu'on est dimanche et qu'on se retrouve donc coincés une nuit dans ce village. A l'ouverture de la banque le lundi matin, on est accueilli en arrivant par une queue de 100 mètres de mamassitas. Par chance, le privilège du gringo nous fait passer en premier et notre dû acquitté nous sommes libres de quitter le Pérou !
 

Sur le chemin de La Paz, on part sur les traces de Tintin et le temple du Soleil lors de la visite du site de Tiwanaku qui nous dévoile sa porte du Soleil, son temple semi-souterrain et de belles statues de bonshommes aux doigts bizarres taillés dans la pierre.


Puis c'est l'heure de rejoindre la plus haute capitale du monde, étagée de 3200 à 4000 mètres d'altitude. En réalité la Paz n'est pas vraiment la capitale de la Bolivie, qui est la ville de Sucre. Mais c'est bien à La Paz que se trouvent toutes les institutions de sorte que ça en fait la capitale de fait. Quelle contraste avec Lima ! C'est une ville très agréable, propre, aérée.
On s'y sent bien. Et La Paz offre de nombreuses activités, pas le temps de s'ennuyer... A peine arrivés et déambulant dans les rues à la recherche d'un hôtel, nous tombons sur le mercado de las brujas ou marché aux sorcières... outre herbes, pierres magiques et potions mystérieuses, on y trouve de nombreux fœtus de lamas en état de décomposition plus ou moins avancée qui seront enterrés sous chaque construction d'une nouvelle maison... pour porter chance...
 
Direction ensuite la vallée de la Lune, un canyon dont les eaux ont érodé la roche très friable en milliers de cheminées de fée et de pitons pour nous offrir un paysage lunaire aride mais superbe au milieu de montagnes ocres et rougeoyantes.
 
Le lendemain, dès le petit matin, nous voilà en selle pour la descente de la spectaculaire Route de la mort à vélo! Au programme, 64 km de descente vertigineuse, de 4700 à 1200 mètres d'altitude, d'abord sur route, puis sur un  chemin en terre permettant tout juste aux véhicules de se croiser.
Jusqu'il y a peu c'était officiellement la route la plus dangereuse du monde en raison du nombre impressionnant de camions, bus et jeeps qui plongeaient chaque année dans les ravins, d'où son surnom. Depuis elle a été désengorgée par une nouvelle voie d'accès laissant la Route de la mort quasi exclusivement à l'usage des gringos en quête d'adrénaline. Manque de bol pour nous, la descente s'est faite dans la brume, ne nous permettant d'apprécier ni le précipice atteignant parfois 1000 mètres, ni le superbe paysage qui évolue des glaciers à la jungle et aux cactus au fil de la descente et des innombrables virages en épingle. Pour autant, même sans soleil, après 3 heures de descente on a eu notre dose d'adrénaline !
 
 
 
Enfin, on ne pouvait pas quitter La Paz sans aller faire au tour au marché d'El Alto sur le plateau dominant la ville. C'est un marché immense où l'on trouve absolument de tout! Fruits, légumes, luminaires, outils, voitures et pièces détachées, mais aussi plomberie, vêtements et semble-t-il armes mais c'est tellement grand qu'on n'a pas tout trouvé...
 



 

Los talentos de CIMA

Petits extraits des musiques du groupe de CIMA 

samedi 26 octobre 2013

Lecons de vie à Cima...

CIMA (Centre d'intégration des mineurs en abandon) est un lieu où les enfants en difficulté vont trouver un nouveau foyer. Pour la plupart leurs parents ne sont plus en capacité de les élever, et quelqu'uns ont des problèmes d'addiction aux drogues ou à internet. Ils se retrouvent livrés à eux même dans la rue et doivent voler pour vivre. 


Avant d'en arriver là, ou après pour certains, ils peuvent trouver chez CIMA une seconde famille, une chance d'étudier, d'apprendre à travailler dans une ferme, ou encore de jouer de la musique. Et surtout c'est un lieu où ils recevront l'amour qui leur fait défaut.


C'est encore une fois la buena onda qui nous a permis de connaître ce centre. Nous avions en tête de donner un peu de notre temps, c'est alors que Jeff et Émile, deux anciens volontaires, croisent notre chemin près du lac Titicaca, et nous convainquent que CIMA serait l'endroit idéal pour donner un coup de main.
Un mois et demi plus tard nous nous présentons auprès de Jean Louis, appelé Padre par les enfants, un grand canadien aux cheveux blanchis. Nous sommes séduits et nous lui promettons de revenir dans un mois.  Parole tenue, un mois plus tard nous  enménageons dans les locaux dédiés aux volontaires, avec pour voisines canadiennes Lucie et Stéphanie, ainsi que Massimo un français qui fait un reportage sur les enfants des rues. Il est souvent absent et passe son temps dans les favelas à interviewer les chefs des bandillas :-) Quand il revient, il a toujours plein d'histoires incroyables à nous raconter!



Au début on est un peu perdu mais nos nouvelles amies nous donnent tout ce qu'il faut pour nous intégrer.
Pour les enfants, c'est levé entre 5h et 5h30. Ils doivent faire leur toilette, petit déjeuner, ranger, laver. A 6h10 ils se réunissent pour l'oration de Jean Louis, ils chantent un bon coup pour se réveiller, puis à 7h c'est l'heure du sport pour ceux qui restent au centre, ou de partir à l'école pour les autres. Parfois on les accompagne. 
Pour ceux qui restent, à 9h commence le premier atelier et à 11h10 le deuxième. Ensuite c'est enfin l'heure du repas à 13h30, ceux qui étaient à l'école rentrent vers 14h et prennent le repas en route. 

Des enfants de chaque pavillon amènent de gros sauts pour les charger de nourriture et ensuite les partager dans leurs salles à manger. Le troisième atelier débute à 15h et se termine à 17h. Pour ceux qui étaient à l'école le matin, ce sera nivélation, pour faire les devoirs. Repas du soir à 18h30 et coucher à 21h. Le week end ils ont  le droit  de se coucher à 22h30. Ça fait un programme très chargé surtout que durant tous les petits temps libres, les enfants doivent nettoyer les pavillons et la cour plusieurs fois par jour. Chacun a sa tâche et ça fonctionne par roulement.


Concernant les ateliers, ils les choisissent en partie. Ils ont des "nivélations" obligatoires pour les remettre à niveau et certains ont beaucoup de lacunes. La classe est très dure á tenir et les enfants ont du mal à se concentrer surtout si on vient pour aider la prof... Les petits essaient alors de nous faire faire leurs exercices à leur place. "S'il te plait, aide moi... écris la réponse si tu sais"... bon il faut être ferme et user de ruses pour les faire travailler. Nous au bout de 2h on est épuisé, heureusement la prof a des nerfs d'acier.

La grange et les champs, il n'y en a pas beaucoup qui aiment ça, à part le prof Hebert et le petit Diego, ah oui il y a Cicilia  aussi (nommée ainsi par les enfants) qui se fait une joie de décrotter les nombreux enclos à cuy (cochons d'inde) et à lapin, préparer la nourriture et nourrir les cochons, les poules, les oies...etc. 
Lorenzo préfère donner un coup de main dans les champs pour entasser le composte ou déterrer les patates. Mais la plupart du temps il prépare les dessins pour les peintures (on y reviendra bientôt).



Le choix des enfants peut aussi se porter sur l'informatique avec Hernan ou la technologie avec Felipe. A part y apprendre la soudure et la mécanique, ils y fabriquent leurs toupies pour ensuite livrer bataille dans la cour. Felipe est aussi le coiffeur de CIMA.


Nos petits chicos peuvent aussi choisir l'atelier de musique, essentiel pour qu'ils s'évadent un peu, et ils sont très bons.


Mais ce qu'ils préfèrent c'est se rendre chez Rosa, ou Madre comme ils l'appelent. Dans cet atelier ils peignent sur des tissus qui serviront ensuite de portes monnaie, tabliers, sacs, etc... Ces accessoires sont vendus à l'étranger pour subventionner CIMA. Nous aussi on aime bien y passer du temps et Cicilia y amène parfois un gâteau pour le plaisir de tous :-)


L'ambiance est majoritairement joyeuse, on est peu confronté au problème des enfants. La plupart du temps ils nous appellent "CICILLLIIA LORENZZZO". Les plus grand nous serrent la main et posent plein de questions sur le monde et les plus petits, ben eux ils veulent juste des calins... Le soir Lorenzo va apprendre quelques trucs de guitare avec les grands et Cicilia va raconter une histoire aux petits et leur faire le bisou de bonne nuit après leur avoir mis un peu de "cremita" sur le bout du nez.


Durant notre passage, 3 enfants ont fugué... L'un d'eux car il était accusé d'avoir volé une toupie. Roberto, 14 ans, sans famille, est sûrement retourné dans la rue.  Les deux autres plus agés, en manque de liberté sont retournés chez un de leur parent. Parfois ils reviennent pour faire les papiers de sortie et expliquer les raisons de leur fugue.

Notre projet principal á CIMA fut de donner un peu de joie aux enfants en tentant de peindre le maximum de murs. On a commencé par les pavillons, il y en a 6, classés par âge et tenu chacun par deux tuteurs qui se relaient (certains sont des anciens de CIMA). Après que nous soyons allés acheter les peintures de base et les pinceaux en ville, Lorenzo a fait plusieurs dessins aux plus petits et bien sûr ils se sont jetés sur celui qui représentait des personnages de manga en criant et en sautant "on veut Narutooo".  Il ne lui restait plus qu'à reproduire le dessin en grand... mais le faire pour ces petits bouts rendait l'épreuve plus facile. Une fois terminé, on a commencé a s'hazarder à peindre et à mélanger les couleurs. Cicilia avec sa méticulosité avait beaucoup de faciliter à peindre les détails. Et on a aussi été aidé de temps en temps par des chicos.




En voyant que ça marchait bien on a même commencé à effectuer des jeux d'ombre pour faire vivre le dessin. Pour les autres pavillons on a pris l'habitude de demander avant ce que les enfants souhaitaient en accord avec le tuteur. Ce fut des mangas, un phoenix flamboyant, un bob l'éponge, et un dragon orageux.



On allé en se perfectionnant et certains profs en voyant le résultat nous on même fait des commandes :-) C'est comme ça qu'on a repeint la salle de Rosa avec plein de motifs péruviens. La dernière et notre plus grande oeuvre fut le Machu Picchu dans la salle de musique. Plus de 3 jours pour le terminer. Même simplifié, c'était un calvère de perspectives et de jeux de couleur.



Le mercredi, c'est le jour du poulet ! Chaque semaine si un enfant s'est bien comporté, c'est à dire qu'il aide les autres enfants et se montre actif dans la vie de CIMA, il a le droit a un +. Avec 4+ il peut aller manger en ville un poulet roti avec des frites. Parfois il n'y a qu'un enfant, parfois ils sont nombreux. On les accompagne à chaque fois. A la fin du repas, ils mettent dans un sachet plastique un reste de poulet et de frites pour partager avec leurs amis restés au foyer. Sans oublier de prendre les os pour les chiens qui gardent le foyer. Une grande leçon de partage que nous recevons la.


Jean Louis nous explique sa façon de travailler. Lui et les quelques tuteurs ne sont pas suffisants pour donner une éducation à tous ces enfants. Alors il les responsabilise. Si un enfant se comporte mal, il est puni, mais les autres de son pavillon aussi, car il n'ont pas su l'aider correctement. Ensuite, les chicos le prennent à part, lui pardonnent pour ce qu'il a fait et lui expliquent comment se comporter. Ici, tout le monde doit travailler à l'intégration de chacun.

La tradition veut que pour le départ des volontaires on fasse une fête. Une bonne occasion pour nous d'offrir un bon moment aux chicos. Pendant deux jours on prépare notre "fogata". Cicilia va préparer 100 parts de fondant au chocolat et 100 de gâteau au yaourt. Pendant ce temps Lorenzo fait des sauts de pop corn. Les canadiennes nous filent un bon coup de main pour la préparation. Le jour de la fogata nous sommes prêts. Après dîner, les enfants font un grand feu dans la cour et mettent des bancs autour.


On leur annoce qu'on leur a organisé une chasse au trésor avec à la clé un trésor pour chaque pavillon caché dans CIMA. Pour le trouver ils devront suivre le jeu de piste composé de plusieurs papiers comportant des indices. On leur donne le premier indice et les voilà partis, petits et grands, comme des flèches dans tous les sens. On avait peur que ça ne fonctionne pas car ces enfants n'ont jamais eu droit à une chasse au trésor. Mais tout s'est déroulé parfaitement. Les trésors que nous avions préparés étaient composés d'un sac pour chaque enfant avec des pop corn et des bonbons et une genre de photo de classe du pavillon. 80 trésors, des heures de boulot, dévorés en quelques minutes, mais amplement récompensés par la joie des enfants d'avoir joué un moment. Ils étaient tellement contents de faire une chasse au trésor qu'ils nous ont demandé d'en refaire une plus longue et plus dure :-) Ensuite tout le monde s'est assis pour la distribution des gâteaux ! Cicilia a reçu un grand nombre de compliments et beaucoup de demandes de rab...


Une fois repus les musiciens nous ont emmenés dans la salle de musique pour nous faire un concert où les plus petits invitent sans complexe les filles présentes à danser. Finalement, vient le moment émotion, on se rassemble autour du feu, et les enfants qui veulent sont invités à nous dire un mot de remerciement devant tout le monde. Au début personne ne se lève, puis le moins timide donne le mouvement, il vient en face de nous et nous fait un petit discours. Ça a donné le courage aux autres de se lever et petit à petit c'est une file d'une quinzaine de chicos qui se forme devant nous. Chacun nous remercie pour différentes raisons et nous embrasse, certains ont les yeux un peu humide... et nous aussi.

"Euuh, merci d'être venu à CIMA... merci pour les peintures...et... je veux remercier Cicilia pour ces histoires et ... et...Lorenzo merci pour ton dessin. Vous pouvez revenir quand vous voulez..."

Après ce sont les tuteurs, et au final Jean Louis, ce monument de générosité qui a dédié 25 ans de sa vie à ses enfants, qui nous remercie nous, pour nos 5 petites semaines passées ici. On se sent humbles devant un coeur si énorme. Pour finir, c'est à nous de nous lever et de faire notre petit discours.



De tout notre voyage, ce sont ces moments qui nous ont apportés le plus. Voir ces enfants sans famille avec pour seule possession une toupie, face à nous qui avons toujours été gâtés. La vie peut être difficile pour eux mais ça ne les empêche pas de sourire à pleines dents ! CIMA c'est un endroit où tout le monde donne, certains tuteurs ont choisi de donner leur vie à ces enfants avec l'espoir de leur construire un futur.

Voici l'expérience que nous en tirons : Le bonheur ne vient pas de combien choses on peut s'entourer mais de combien on peut en partager.

Merci à CIMA...