On se surprend au détour d'un
coin de rue à s'arrêter, le regard perdu sur un de ces gigantesques volcans que
sont le Chachani et le Misti.
Le plus grand d'entre eux est le Chachani (6075m)
qui s'élève à plus de 3.7km au dessus d'Arequipa.
Le Misti
Vu d'en bas l'ascension
parait impossible... mais l'envie de se frotter à ses 6000 mètres en est tout
aussi excitante. Ça fait plusieurs semaines que nous sommes aux alentours de
4000 mètres et on se sent assez acclimaté pour tenter l'expérience. Après avoir rendu visite à 5 agences, on repère
celle qui nous parait la plus sérieuse : Carlos Zárate Adventures.
Nous ne ressentons
pas les effets du manque d'oxygène, c'est plutôt bon signe... pour l'instant.
On monte la tente, puis petite sieste et à 17h
c'est le dîner, spaghetti bolo mmm et enfin au dodo. La
nuit est difficile car il fait froid et l'altitude empêche le sommeil profond.
Sortir pour aller au petit coin s'apparente à une mission commando.
A 2h du matin Carlos nous réveille même si l'altitude s'en était
déjà bien occupée avant sa venue. On s'arme de toutes les épaisseurs possibles,
doubles pantalons, doubles chaussettes, gants de ski, bonnets, écharpes
remontant jusqu'au dessous des yeux... Le froid pique sévèrement, et le maté de coca est
bien venu pour attendrir le pain à demi gelé.
Là, on est désolé, il n'y a plus de photos... Trop froid... Mais vous aurez une belle vidéo à la fin de l'article !!
A 3h nous commençons l'expédition. Carlos impose directement un
rythme très lent, on sent l'expérience d'un bon guide. Il fait -5° et nos gants
ne suffisent pas à adoucir la morsure du froid, on doit s'en cesse les remuer
:-).
Le ciel est découvert et la lune nous offre une
faible lueur. Mais pour l'instant on ne voit pas grand chose, à part nos pieds
au milieu du scintillement de la terre gelée, éclairée par nos frontales. Petit à petit les effets du manque d'oxygène apparaissent. Le secret
c'est de toujours garder le rythme, aussi faible soit-il, pour maintenir stable
celui du cœur et de la respiration. Un seul pas plus grand que l'autre et on
ressent instantanément le souffle s'accélérer.
Au bout d'une heure le moral est toujours bon et nous avançons bien.
Mais peu à peu le froid s'accentue et cela ne fera qu'empirer jusqu'au levé du
soleil. Il est difficile de boire car l'eau a commencé à geler dans nos
bouteilles et de toute façon nous nous abstenons de tout mouvement
superflu. La nuit, les pas, le souffle... voilà à quoi se
résument les premières heures. Tâcher de garder l'esprit dans l'instant
présent.
Vers 5h la fatigue apparait, accompagnée des
pensées parasites : c'est dur, je n'ai plus de force, je serais mieux dans un
bon lit, il fait trop froid, pourquoi je m'impose ça ?... Est ce que j
arriverai en haut ? Chuuuut !
Il faut calmer le mental et revenir dans
l'instant, un pas puis un autre, pas plus vite que la respiration ne le permet.
Le chemin est toujours plus important que l'arrivée.
De temps en temps on demande à Carlos de s'arrêter
pour faire une courte pause et on repart vite avant que nos orteils nous
rappellent que le sol est gelé.
A 6h, on est à 5800m, la température est au plus
bas, mais le soleil commence à montrer ses premières lueurs . Par contre on ne
voit toujours pas le sommet. Tout autour de nous le paysage se révèle petit à
petit, c'est magnifique, comme si on le voyait depuis un avion. Ça nous donne
un peu de courage pour continuer.
Les deux dernières heures sont très longues, on s'arrête
de plus en plus fréquemment et on se demande si c'est pas trop dur pour nous. Lolo
confie même à Ciçou qu'elle finira peut être seule... mais elle lui donne le
réconfort suffisant pour se relever et continuer. Petits pas après petits pas, chacun d'eux est une lutte. On donne tout ce qu'on a à la montagne et en
récompense elle nous offre la vue de son sommet. Carlos est aussi là pour nous motiver, marchant
toujours avec un rythme optimal et s'arrêtant dès qu'un de ses petits gringos
s'affale de fatigue.
Vers 8h, on est plus qu'à 150 m de l'objectif,
l'oxygène a diminué de moitié et ça se sent. Carlos nous dit qu'on en a pour 20
minutes. 20 minutes pour 150 petits mètres... Même avec les
poignets attachés aux chevilles on irait plus vite si on était au niveau de la
mer !
Finalement, poussés par l'euphorie nous arrivons enfin au sommet du Chachani !!!
Nous sommes exténués et nous savons qu'il faut encore démonter les tentes et revenir jusqu'au 4x4. Mais on est tellement satisfait d'avoir réussi que l'on se sent heureux!
Un renard s'invite au camp
Même si l'expérience a été très (très) difficile,
elle nous a permît de voir qu'on pouvait se surpasser :-)
Franchement, j'ai frémi avec vous! Quelle performance sur vous-même! Superbe, magique. Belle écriture aussi. Bisous de France.
RépondreSupprimerMireille (on s'est rencontrés dans le Canyon del Colca).
Coucou! Désolée pour le temps de réponse, c'est souvent la course... Merci beaucoup d'avoir donné des nouvelles et d'être allés jeter un oeil sur notre blog! On espère que tout va bien pour vous! La bise à vous deux.
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