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jeudi 14 novembre 2013

L'enfer du Cerro Rico

A Sucre, qui se prononce Soucré en espagnol, on se repose encore en raison de nouveaux problèmes gastriques... Eh oui, la Bolivie c'est un peu dur pour nous côté bouffe.
Une fois reposés et guéris, on s'offre un super massage et une séance jacuzzi pour Ciçou. Un bon bain, quel bonheur... Sucre, c'est aussi l'occasion d'aller au cinéma et surtout de faire la rencontre de Pauline, André, Natacha et Arnaud avec qui nous allons passer un bon petit moment.
Tous ensemble nous programmons notre excursion pour une rando au cratère de Maragua. Point de départ : Chaunaca.
De là, direction le cratère avec traversée d'une rivière pieds nus, les chaussures à la main. 3 heures de rando plus tard, une partie sous la pluie, nous arrivons à notre point de chute où nous sommes accueillis par deux petites filles qui nous proposent un hébergement, un plat du soir et un petit déjeuner pour la modique somme de 25 bolivianos, soit... 2,50 €. Eh oui, quand on vous dit que c'est pas chère la vie en Bolivie, c'est pas des craks...

Au programme du lendemain, 6 heures de marche jusqu'à Potolo d'où nous rentrons tous à Sucre dans la benne d'un camion, par une piste à fleur de précipice. Résultat : deux belles journées où nous nous faisons de vrais amis au milieu d'un paysage de couleurs ocres mêlées les unes et autres.

Dès le lendemain, direction Potosi en bus, tous ensemble, pour la visite du Cerro Rico. Le Cerro Rico, ou montagne qui mange les hommes vivants, abrite les mines de Potosi, toujours en activité.

La légende veut que cette montagne soit rouge parce qu'elle crache le sang de ses victimes. Depuis l'éxploitation de cette mine c'est près de 10 millions d'indigénes et d'esclaves qui y sont morts.
Des hommes, mais aussi des enfants, y travaillent encore de nombreuses heures pas jour, dans des conditions qui, au 21ème siècle, dépassent l'entendement. L'air y est irrespirable malgré les masques, chargé de poussière et de gaz toxiques. La température est parfois intenable tellement il fait chaud dans ces labyrinthes sous-terrains où se croisent les wagons poussés par des hommes courbés tant par le poids de leur chargement que par le peu de hauteur des conduits.
Notre guide, ancien mineur, nous accompagne, à la lueur de nos lampes frontales jusqu'à 500 mètres de profondeur, soucieux de nous faire partager le ressenti et la fierté des mineurs qui creusent la terre qui leur est offerte, tel un véritable gruyère, à la recherche d'argent et de zinc. Il rampe a l'interieur de boyaux étroits, trempé de sueur et avec passion, pour nous montrer combien ça peut être difficile de se deplacer avec 40 kilos de minerais sur le dos. Le voici en pleine action...
Au fur et à mesure de notre visite, nous offrons à ces mineurs boissons, lait, biscuits, feuilles de coca, mais aussi cahiers et stylos pour leurs enfants scolarisés, que nous avons pris soin d'acheter avant de descendre dans la mine. Bien peu pour nous face à la dureté du travail que nous observons, interloqués par ces conditions de travail.
Sous terre le pouvoir du nouveau dieu chrétien imposé aux indigénes par les conquistadors devient limité, c'est pourquoi il est préférable de vénérer le dieu d'en bas : El Tio. Les mineurs lui offrent de l'alcool à 90° et des cigarettes en echange de sa protection. Il arrive parfois que le Tio joue avec les charges de dinamite, il faut bien compter les détonations pour être sur qu'il n'en a pas eteint une temporairement...

                                                                                   Le Tio, ou Satan, gardien de la mine

C'est pour nous un immense soulagement de respirer correctement, un air frais, quand nous ressortons
Nous sommes complètement couverts de poussière et nous puons les produits toxiques tels l'amiante, le souffre ou l'arsenic au milieu desquels travaillent journalièrement les mineurs, et ce malgré les vêtements de protection qui nous étaient fournis...
Une grande expérience, tellement triste à la fois... 

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