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dimanche 1 septembre 2013

Toujours plus près des étoiles... Chachani : 6075 m


Il est difficile de marcher dans les ruelles d'Arequipa sans être confronté à un moment ou à un autre à ces masses immenses qui surplombent la ville. 
On se surprend au détour d'un coin de rue à s'arrêter, le regard perdu sur un de ces gigantesques volcans que sont le Chachani et le Misti. 
Le plus grand d'entre eux est le Chachani (6075m) qui s'élève à plus de 3.7km au dessus d'Arequipa. 

                 Le  Misti

Vu d'en bas l'ascension parait impossible... mais l'envie de se frotter à ses 6000 mètres en est tout aussi excitante. Ça fait plusieurs semaines que nous sommes aux alentours de 4000 mètres et on se sent assez acclimaté pour tenter l'expérience. Après avoir rendu visite à 5 agences, on repère celle qui nous parait la plus sérieuse : Carlos Zárate Adventures.

C'est dans le 4x4 de Carlos, conducteur et guide (de père en fils depuis 3 générations) que nous partons a 9h du matin. Nous y faisons la connaissance de Gabriel qui sera aussi de la partie. 3h de piste à travers la pampa au milieu de vicognes et guanacos nous mènent à 5000 m
Nous ne ressentons pas les effets du manque d'oxygène, c'est plutôt bon signe... pour l'instant. 
     


On commence tranquillement par une petite mise en jambe d'une heure et demi pour arriver jusqu'au lieu de campement à près de 5200 m. Le sac pèse son poids, surtout avec nos 5L d'eau chacun, les gros sac de couchage, les matelas et la tente. Mais heureusement tout ça va rester  au camp lors de l'ascension.



On monte la tente, puis petite sieste et à 17h c'est le dîner, spaghetti bolo mmm et enfin au dodo. La nuit est difficile car il fait froid et l'altitude empêche le sommeil profond. Sortir pour aller au petit coin s'apparente à une mission commando.



A 2h du matin Carlos nous réveille même si l'altitude s'en était déjà bien occupée avant sa venue. On s'arme de toutes les épaisseurs possibles, doubles pantalons, doubles chaussettes, gants de ski, bonnets, écharpes remontant jusqu'au dessous des yeux... Le froid pique sévèrement, et le maté de coca est bien venu pour attendrir le pain à demi gelé.

Là, on est désolé, il n'y a plus de photos... Trop froid... Mais vous aurez une belle vidéo à la fin de l'article !!

A 3h nous commençons l'expédition. Carlos impose directement un rythme très lent, on sent l'expérience d'un bon guide. Il fait -5° et nos gants ne suffisent pas à adoucir la morsure du froid, on doit s'en cesse les remuer :-).

Le ciel est découvert et la lune nous offre une faible lueur. Mais pour l'instant on ne voit pas grand chose, à part nos pieds au milieu du scintillement de la terre gelée, éclairée par nos frontales. Petit à petit les effets du manque d'oxygène apparaissent. Le secret c'est de toujours garder le rythme, aussi faible soit-il, pour maintenir stable celui du cœur et de la respiration. Un seul pas plus grand que l'autre et on ressent instantanément le souffle s'accélérer. 

Au bout d'une heure le moral est toujours bon et nous avançons bien. Mais peu à peu le froid s'accentue et cela ne fera qu'empirer jusqu'au levé du soleil. Il est difficile de boire car l'eau a commencé à geler dans nos bouteilles et de toute façon nous nous abstenons de tout mouvement superflu. La nuit, les pas, le souffle... voilà à quoi se résument les premières heures. Tâcher de garder l'esprit dans l'instant présent. 

Vers 5h la fatigue apparait, accompagnée des pensées parasites : c'est dur, je n'ai plus de force, je serais mieux dans un bon lit, il fait trop froid, pourquoi je m'impose ça ?... Est ce que j arriverai en haut ? Chuuuut !
Il faut calmer le mental et revenir dans l'instant, un pas puis un autre, pas plus vite que la respiration ne le permet. Le chemin est toujours plus important que l'arrivée.

De temps en temps on demande à Carlos de s'arrêter pour faire une courte pause et on repart vite avant que nos orteils nous rappellent que le sol est gelé.

A 6h, on est à 5800m, la température est au plus bas, mais le soleil commence à montrer ses premières lueurs . Par contre on ne voit toujours pas le sommet. Tout autour de nous le paysage se révèle petit à petit, c'est magnifique, comme si on le voyait depuis un avion. Ça nous donne un peu de courage pour continuer.

Les deux dernières heures sont très longues, on s'arrête de plus en plus fréquemment et on se demande si c'est pas trop dur pour nous. Lolo confie même à Ciçou qu'elle finira peut être seule... mais elle lui donne le réconfort suffisant pour se relever et continuer. Petits pas après petits pas, chacun d'eux est une lutte. On donne tout ce qu'on a à la montagne et en récompense elle nous offre la vue de son sommet. Carlos est aussi là pour nous motiver, marchant toujours avec un rythme optimal et s'arrêtant dès qu'un de ses petits gringos s'affale de fatigue.

Vers 8h, on est plus qu'à 150 m de l'objectif, l'oxygène a diminué de moitié et ça se sent. Carlos nous dit qu'on en a pour 20 minutes. 20 minutes pour 150 petits mètres... Même avec les poignets attachés aux chevilles on irait plus vite si on était au niveau de la mer !




Finalement, poussés par l'euphorie nous arrivons enfin au sommet du Chachani !!! 6075 m ! L'émotion est forte ! Et on se donne tous de grandes embrassades pour se féliciter. On reste 10 minutes à contempler sans mot la vue incroyable qui s'offre à nous et à jouir de notre victoire.





La descente se fait par un raccourci à travers des coulées de sable et de pierres très pentues et nous rejoignons le camp en 1h30! C'est sur la descente que nous ressentons un peu le mal d'altitude mais rien de plus qu'un bon mal de tête.

Nous sommes exténués et nous savons qu'il faut encore démonter les tentes et revenir jusqu'au 4x4. Mais on est tellement satisfait d'avoir réussi que l'on se sent heureux!


                                                                                                         Un renard s'invite au camp


Même si l'expérience a été très (très) difficile, elle nous a permît de voir qu'on pouvait se surpasser :-) 

2 commentaires:

  1. Franchement, j'ai frémi avec vous! Quelle performance sur vous-même! Superbe, magique. Belle écriture aussi. Bisous de France.
    Mireille (on s'est rencontrés dans le Canyon del Colca).

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    Réponses
    1. Coucou! Désolée pour le temps de réponse, c'est souvent la course... Merci beaucoup d'avoir donné des nouvelles et d'être allés jeter un oeil sur notre blog! On espère que tout va bien pour vous! La bise à vous deux.

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